Notre intention n’est pas de réduire l’équivocité de la notion d’intelligence collective. Cette polysémie favorise des usages et interprétations divergentes. L’opportunité offerte par ces « malentendus » ouvre à des discussions pour les dénouer, en fonction des particularités de chaque situation. Et, discuter, selon nous, c’est justement ce dont nous avons particulièrement besoin aujourd’hui pour fonder et développer des fonctionnements collectifs, pour construire et réguler, jour après jour, les groupes dont nous sommes membres.
Néanmoins, ce livret tente de clarifier ce qui peut être entendu par intelligence collective en proposant, d’abord, une esquisse d’éclaircissement de raisons possibles de l’engouement managérial contemporain dont elle fait l’objet. Chaque phénomène social s’inscrit dans un contexte ; prendre en compte cette contextualisation nous semble nécessaire pour comprendre ce que représente, aujourd’hui, la notion d’intelligence collective et les innombrables outils qui lui sont associés.
Notre intention sous-jacente est, peut-être, de sensibiliser au risque d’une détérioration paradoxale de l’activité et de l’intelligence collectives au sein des associations et des coopératives, si l’approche instrumentale et normative, que nous percevons en filigrane des ouvrages consultés, continuait à s’étendre et à les détourner de leur essence : vivre humainement, et non de façon robotisée, telles des intelligences artificielles.
Nous situons, en effet, l’intelligence collective en tant que résultat non prescriptible d’une activité de groupe, comme phénomène groupal non programmable par un outil, aussi ingénieux et pratique soit-il. La possibilité, et les vertus de l’échec, sont, pour nous, des constituants du processus groupal, et plus largement, de l’existence humaine. Il ne s’agira pas, ici, d’une « boite à outils d’IC » supplémentaire.